Shivazia, ou la maladie de Mélancolie

( Voici une petite nouvelle qui s'inspire de nombreux textes que j'ai aimé, et un peu de ma vie aussi. J'ai pris la liberté d'inclure quelques personnages de Dofus, j'espère qu'il ne m'en voudront pas

L'écriture... Un bon remède à la mélancolie ! )


Shivazia, ou la maladie de Mélancolie.

Allongée dans son hamac, Shivazia semble un peu plus fatiguée que d'habitude. Elle arbore la mine grise des mauvais jours, et la moindre petite brise la fait frissonner. Comme d'habitude, elle ne ressent que paresse et n'a goût à rien. Plusieurs fois, elle prend sa plume et griffonne quelques mots sur un parchemin. La grande chasse au Bak débute dans moins d'un mois, mais elle se sent vide et stupide. Elle envoie valser ses parchemins de cours et pleure, la tête dans ses mains. Elle n'est pourtant pas bête, la jeune ecatte, elle était même très bonne avant et elle est encore assez, mais elle a perdu son enthousiasme et sa motivation.

Une jeune sadida vient se poser sur le sable, non loin de Shivazia. Elle prend des poignées de sable et le laisse couler entre ses doigts. Shivazia se redresse, s'assoit dans son hamac, et regarde l'enfant. Plusieurs minutes de silence s'écoulent, rythmées par le ressac des vagues, puis la petite fille se tourne vers Shiva.

« -Je sais ce que tu as, lui dit l'enfant en pointant du doigts sa poitrine. Tu as un nénuphar dans la poitrine. »

Shivazia la regarde, interloquée, et pose la main sur son sein. Elle est là, cette petite boule douloureuse, qui la fait souffrir de jour en jour. Elle ne sait quoi répondre, et pose son regard sur l'écume qui lèche le sable blanc.

« -Est-ce que c'est grave? Demande-t-elle, une larme roulant sur sa joue.

-Cela dépend... Si tu veux guérir, alors ça ira... Sinon, ça peut s'aggraver.»

La petite fille prend quelques galets plats et commence à faire des ricochets sur les sables mouvants.

« -Comment sais-tu tout ça? La questionne Shiva, en s'approchant d'elle. Tu n'es qu'une enfant...

-Oh, moi je ne sais rien, c'est le wabbit blanc qui m'a tout dit. Il est très savant tu sais?

-Le quoi? »

Un bruissement d'herbes la fait se retourner, juste à temps pour voir une petite touffe blanche disparaître entre les herbus. Elle cours sur la dune pour le rattraper.

« -C'est trop tard, il est déjà loin, lui crie la fillette, trop loin! Mais le K, lui il t'attend... »

Elle lui montre du doigts une forme noire qui rôde dans l'océan. Shivazia prend peur, elle ne veut pas s'approcher de l'eau. Une odeur de mort s'insinue dans la brise marine.

« -Qu'est-ce que c'est?! Qu'est ce qu'il me veut?! Je ne veux pas mourir ! Crie-t-elle à la fillette au loin.

-Tu ne vas pas mourir ! Dit l'enfant en rigolant. Quelle drôle d'idée !

-Si je vais mourir ! Crie Shivazia en pleurant. Je le sais bien ! Arrêtez de me mentir tous !

-Oh, mais non, calme toi ! Je vais te chanter une chanson,comme le fait ma maman Lullaby, quand j'ai peur le soir!

« La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s'oublie
Aux soleils couchants... »

Shivazia, allongée sur le sable, invente des formes dans les nuages... Ses hoquets s'apaisent, sa respiration devient plus lente...

« -Comment t'appelles-tu, petite fille? Demande-t-elle.

- Je m'appelle Alice, mais appelle moi comme tu veux, ça n'a pas d'importance, dit-elle en faisant la moue.

- C'est très jolie Alice... Tu me rappelles quelqu'un tu sais? On dirait Yavanaa, quand elle était enfant... Tu as les mêmes grands yeux, et les mêmes cheveux sentant le charme...

-Alors appelle moi Yavanaa si tu veux ! S'exclame la fillette

-Mais tu n'es pas Yavanaa ! Tu es Alice ! S'étonne Shiva. Je ne peux pas t'appeler Yavanaa !

-Mais si je suis Yavanaa, regarde, j'ai même mes poupées Poucinette et Pitchounette !

-Je... Qu'est ce qui se passe... Mais tu... »

Shivazia reste silencieuse, perdue et troublée.

-Dis, tu crois que je peux aller jouer avec eux là-bas? Lui demande-t-elle en montrant un homme et son enfant qui font un château de sable.

- Bien sûr, c'est Alaska et son fils Dédale, tu verras, ils sont adorables. »

La fillette cours en riant vers le groupe, et les aide à faire de beaux pâtés pour les tours des murailles. Shivazia s'approche d'eux en souriant mais soudain quelques chose explose et fait jaillir du sable devant elle.

« -Rhaaa, Dédale, quand cesseras-tu tes vilaines blagues? Dit-elle en couvrant ses yeux. »

Mais Dédale, Alaska et Alice ne sont plus là. Décontenancée, Shiva se remet à pleurer.

«Pourquoi partez-vous tous? Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part !

-Je suis là moi, lui dit une voix derrière son dos.

Shivazia se retourne et pousse un petit cri de joie. Blacksad se tient là, arborant un grand sourire paisible.

« -Oh mon rooo minooo, j'ai eu si peur, si tu savais ! »

Il la sert dans ses bras, en essuyant les larmes mélangé au sable qui coule sur son visage. Rassurée, elle se met à ronronner. Elle l'embrasse et le caresse, voulant s'assurer qu'il est bien là, qu'elle ne rêve pas.

« -Tu sais, quand tu m’embrasses, c'est le frottement d'ailes, que font les bagatelles, sur un coin de terrasse...

-C'est très jolie ce que tu dis ma Shivie.

-Ce n'est pas de moi, je ne sais pas où j'ai entendu ça, mais c'est très beau... Tu sais, quand je suis avec toi, j'ai l'impression de vivre un rêve... Est ce que je suis entrain de rêver? C'est ça, c'est rêve?

-C'est un rêve oui, mais ce n'est pas le tien, c'est le mien. Tu es dans mon rêve.

En disant ces mots, son époux se métamorphose en vieil homme.

-Je suis le maître des illusions. Viens dans mes bras, laisse toi caresser par les bras de Morphée. Mon père, le Sommeil, va guérir ta Mélancolie.

-Non, je ne préfère pas, je préfère lire ou écrire... C'est un bon remède. Dit-elle en s'écartant.

-Tu as raison. Bon courage Shivazia, ne laisse pas cette fleur du mal, cette Mélancolie, corrompre ton âme.

L'homme s'en va en murmurant un poème, et en déposant des fleurs bleues sur son chemin

«- Lorsque le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle... »

Shivazia ramasse un fleur bleue, au creux de sa corolle brille une petite perle dorée.

« Cela doit être ça, l'espoir. »

Elle referme la perle au creux de sa main, et marche près de l'eau, laissant l'écume des jours caresser ses pieds nus...

[C'est magnifique et franchement quand je te lis, j'ai l'impression que tu l'a depuis un p'tit moment ton Bak ]

Exélent goût de littérature!!!!! Trés bonne adaptation.

* est époustouflée *

Bravo Shiva, c'est très beau

* est à cours de mots *

* n'a qu'une envie : le relire *

C'est super beau, shiv'

*est à court de mots*

Franchement ça m'a scotché au siège, c'est tellement beau que ça donne envie de pleurer. J'aime bien les métaphores que tu emploies pour traduire les émotions des personnages.

Shivazia a écrit:

( une petite nouvelle qui s'inspire de nombreux textes que j'ai aimé )

( dis, tu pourras me donner des références, que je lise un peu de beaux textes comme ça ? )

Olala, merci beaucoup pour vos commentaires
Voici une liste, non exhaustive, des oeuvres qui m'ont inspirée. Inutile de vous dire que je vous conseille vivement de les lire, ou de les écouter ( oups, je l'ai dit )

L'écume des jours, et tous les autres livres de Boris Vian ( Boriiiiiiiiis, on t'aime ! ) http://www.borisvian.fr/
Alice au pays des merveilles, Lewis Carroll
Le K, Dino Buzzati ( merci Yavoo )
Poèmes saturniens, Paul Verlaine
Les fleurs bleues, ainsi qu'Exercices de style , Raymond Queneau ( Merci Boris et Alaska )
Fictions, Jorge Luis Borges
Le maitre des illusions, Donna Tartt
Les Métamorphoses, Ovide
L'univers de Dyonisos, Sigur Ros et Babx

etc...

J'espère qu'ils vous feront rêver autant que moi !

Un remède a la mélancolie ?

En tout cas, c'est épatant la facon que tu as eu de se faire rejoindre toutes ces idées et ces images !

Bravo